Steinheil-München Triplar-Anastigmat 240 mm f3,8
Nouvelle version de l'article le 18/12/2021
Après le Meyer-Optiks de 300mm, voici un autre objectif original, et même très original ..._ Ce Steinheil-München n'a pas de réglage de distance, il lui faut un soufflet pour faire la mise au point.
_ Introuvable sur internet, cet objectif n'a dû être fabriqué qu'en un petit nombre d'exemplaire.
_ Le diaphragme s'étage de f3,8 à f50 !
_ Focale est de 240mm, marqué 24cm, avec une monture pour Pentacon Six.
Ici sur internet un modèle de 400 mm qui lui ressemble fortement et de même dénomination triplar-anastigmat. Les objectifs Triplar sont peu courant, un nom commercial pour un type d'objectif de type Triplet, probablement un triplet de Cooke:
La marque Steinheil
Steinheil était une marque allemande crée en 1855 pour la réalisation d'optique pour l'astronomie, puis elle fit quelques appareils et des optiques photographiques, l'entreprise changea de mains à plusieurs reprises, le nom disparu en 1994, cf camera-wiki.
Steinheil était une marque allemande crée en 1855 pour la réalisation d'optique pour l'astronomie, puis elle fit quelques appareils et des optiques photographiques, l'entreprise changea de mains à plusieurs reprises, le nom disparu en 1994, cf camera-wiki.
Identification
Une autre image avec et sans pare-soleil, la luminosité ambiante était en baisse, un soir d'hiver, ce qui explique la faiblesse du voile blanc.
Une publicité ancienne de 1910 avec une vue en coupe montrant la formule optique:
Le numéro de série 72372 permet de le dater de 1930, d'après Camera-wiki.
Le document "le Vade Mecum d'un collectionneur d'objectif" parle d'un Triplar :
"Triplar f3.8, f4.5 Un objectif de type Q15 (Ste018) pour grand format. Il a été suggéré d'utiliser 30 cm
pour 13x18cm et ici l'idée était comme un objectif Portrait. Cette version f3.8 ne couvrait que 40 ° ou 50 °. Il a été introduit au Royaume-Uni en 1911 et à nouveau en 1930. (Voir la note dans B.J.A. 1931, p287.) Le f4.5 avait
assez bon pouvoir couvrant et a été conçu pour un usage général. Ici, il peut y avoir plutôt deux
différents produits proposés sous un seul nom commercial, le f3.8 en portrait et angle étroit et le f4.5 pour
usage plus général. Le nom a été continué après la Seconde Guerre mondiale sur un objectif rare pour la caméra Contax, pour f4.5
135 mm (vu comme No51626x) "
Il est absent des catalogues de 1929 et 1925. Il ressemble au Cassar triplet-anastigmat, mais aucun ne correspond exactement, le plus approchant est de f3,5 254mm(10 inches). Est-ce celui ci ?
J'avoue que les informations à son sujet sont rares.
Sachant que le Pentacon Six est arrivé 30 ans plus tard, cet objectif n'a pas été prévu à l'origine pour cet appareil, on lui a adapté une monture Pentacon.
Défaut de fabrication
Cet objectif à un défaut, la lentille frontale est parsemée de bulles incluses par mégarde lors de la fabrication du verre. Il est probable que ces bulles n'aient pas d'incidence significative sur la qualité des images. Cet objectif pourrait être un prototype.
Le diaphragme
Le diaphragme à 15 lamelles est superbe. Il était un peu grippé, j'ai dû user du W40 et d'un nettoyage tout en douceur pour retrouver un fonctionnement fluide.
Ouverture de f3,8, il ferme jusqu'à f50, une valeur peu banale, quoique en grand format on trouve des objectifs avec des diaphragmes de valeurs élevés.
La graduation est également originale : 3,8 - 4,5 - 6,3 - 7,7 - 9 - 12,5 - 18 - 25 - 36 - 50
Objectif en kit
Cet objectif se démonte facilement, les différentes parties se vissant les unes dans les autres. Seul le diaphragme semble indémontable.
Avec une focale de 240 mm, c'est un beau télé, soit l'équivalent(par rapport au 24x36) d'un 480 mm en m4/3 et 360 mm en APSC.
Rallonge
De base avec sa monture Pentacon, l'objectif fait son image bien plus loin en arrière(focale de 240mm). A l'origine, cet objectif était destiné à une chambre photographique, d'ailleurs le cercle image fait visuellement au moins le double. Dans les catalogues de l'époque ce type d'objectif était fait pour des plaques de 13x18.
Dans les accessoires retrouvés autour du Pentacon Six, il y avait un soufflet (auto bellows). Cet accessoire est l'idéal pour la macro-photographie. A l'aide de deux molettes, il permet de varier le rapport d'agrandissement et de faire la mise au point.
Celui-ci est de conception simple avec une seule molette de déplacement. Il est parfait pour cet objectif, il lui rajoute la longueur juste nécessaire et permet de faire la mise au point de quelques mètres jusqu'à l'infini.
Les tests
Pour tester cet objectif, je n'ai qu'un micro 4/3, un GX1 de Panasonic de 16 Millions de pixel, avec la bague d'adaptation adéquate.
Par rapport au format 6x6, c'est comme si je mettais 160 millions de pixel et que je ne regardais que 1/10 de l'image (le centre).
Au regard de l'âge, de sa conception, des défauts de lentille ..., il ne faut pas s'attendre à des résultats mirobolants.
Voici l'assemblage hétéroclite ...
Et les images aux différentes valeurs de diaphragme :
Aux grandes ouvertures, les images présentent un flou "artistique" qui sort de l'ordinaire. Ensuite à 6,3 et 7,7, les images sont correctes avec un piqué tout en douceur. Au delà le défaut du voile blanc apparaît.
On remarquera qu'à f50 toute l'image est nette, à savoir que le temps de pause est de 5 sec à 400 iso ! C'est presque du sténopé !
Par rapport au Télémegor de 300mm, un objectif fait pour le 6x6, des années 50, voici ce qu'il donne sur le même sujet à f8:
L'image est tout de même plus propre ...
Voici une autre série :
On remarquera sur les premières images un flou en forme de champignons, de ronds sombres ... un phénomène curieux, qui s'estompe en fermant le diaphragme, peut être dû aux bulles d'air incluses dans la lentille frontale.
Cet objectif a quelques défauts, il sera difficile à utiliser de façon traditionnelle, sauf justement pour une mise en valeur artistique de ses bizarreries.
De même il semble avoir un bon piqué et un flou d'arrière plan très doux et très agréable :
Le mystère du voile blanc
Aux grandes valeurs du diaphragme, plus particulièrement à f50, l'image est polluée par une belle tache blanche quand la lumière extérieure est importante. J'ai aussi le Meyer-Optiks de 300mm qui présente un défaut similaire, mais bien plus atténué.
J'ai réalisé une série de test pour déterminer l'origine du problème, qui tourne autour de réflexions lumineuses parasites.
Aucune différence ...
Et là le résultat est net, la tâche blanche disparait totalement, enfin presque ...
Défaut de fabrication
Cet objectif à un défaut, la lentille frontale est parsemée de bulles incluses par mégarde lors de la fabrication du verre. Il est probable que ces bulles n'aient pas d'incidence significative sur la qualité des images. Cet objectif pourrait être un prototype.
Le diaphragme à 15 lamelles est superbe. Il était un peu grippé, j'ai dû user du W40 et d'un nettoyage tout en douceur pour retrouver un fonctionnement fluide.
Ouverture de f3,8, il ferme jusqu'à f50, une valeur peu banale, quoique en grand format on trouve des objectifs avec des diaphragmes de valeurs élevés.
La graduation est également originale : 3,8 - 4,5 - 6,3 - 7,7 - 9 - 12,5 - 18 - 25 - 36 - 50
Cet objectif se démonte facilement, les différentes parties se vissant les unes dans les autres. Seul le diaphragme semble indémontable.
Rallonge
De base avec sa monture Pentacon, l'objectif fait son image bien plus loin en arrière(focale de 240mm). A l'origine, cet objectif était destiné à une chambre photographique, d'ailleurs le cercle image fait visuellement au moins le double. Dans les catalogues de l'époque ce type d'objectif était fait pour des plaques de 13x18.
Dans les accessoires retrouvés autour du Pentacon Six, il y avait un soufflet (auto bellows). Cet accessoire est l'idéal pour la macro-photographie. A l'aide de deux molettes, il permet de varier le rapport d'agrandissement et de faire la mise au point.
Celui-ci est de conception simple avec une seule molette de déplacement. Il est parfait pour cet objectif, il lui rajoute la longueur juste nécessaire et permet de faire la mise au point de quelques mètres jusqu'à l'infini.
Les tests
Pour tester cet objectif, je n'ai qu'un micro 4/3, un GX1 de Panasonic de 16 Millions de pixel, avec la bague d'adaptation adéquate.
Par rapport au format 6x6, c'est comme si je mettais 160 millions de pixel et que je ne regardais que 1/10 de l'image (le centre).
Au regard de l'âge, de sa conception, des défauts de lentille ..., il ne faut pas s'attendre à des résultats mirobolants.
Voici l'assemblage hétéroclite ...
On remarquera qu'à f50 toute l'image est nette, à savoir que le temps de pause est de 5 sec à 400 iso ! C'est presque du sténopé !
Par rapport au Télémegor de 300mm, un objectif fait pour le 6x6, des années 50, voici ce qu'il donne sur le même sujet à f8:
Voici une autre série :
On remarquera sur les premières images un flou en forme de champignons, de ronds sombres ... un phénomène curieux, qui s'estompe en fermant le diaphragme, peut être dû aux bulles d'air incluses dans la lentille frontale.
Les photographies réalisées avec le Steinheil ci-dessous et jusqu'à la fin de l'article, ont été faite avec le X-T30 de chez Fuji.
L'objectif produit des flous de toute beauté, agrémentés de ces petits points circulaires, probablement les bulles de la lentille frontale.
Le mystère du voile blanc
Aux grandes valeurs du diaphragme, plus particulièrement à f50, l'image est polluée par une belle tache blanche quand la lumière extérieure est importante. J'ai aussi le Meyer-Optiks de 300mm qui présente un défaut similaire, mais bien plus atténué.
Ici le Steinheil et sa tache blanche à f50 :
J'ai réalisé une série de test pour déterminer l'origine du problème, qui tourne autour de réflexions lumineuses parasites.
1er test : le diaphragme pourrait réfléchir la lumière vers l'arrière de la lentille frontale, plus le diaphragme est fermé, plus il réfléchi de lumière.
J'ai réalisé un cache avec un trou à peine plus grand que celui du diaphragme à f50 et d'un noir mat.
J'ai pris deux photos, une sans, une avec le cache sur le diaphragme ... aucune différence, ma première idée est invalidée, le problème est autre ...
J'ai pris deux photos, une sans, une avec le cache sur le diaphragme ... aucune différence, ma première idée est invalidée, le problème est autre ...
2eme test : La bague d'adaptation à la monture Pentacon est restée brute, sans peinture noire, une réflexion de lumière à l'intérieur sur l'aluminium brillant est possible.
J'ai donc peint minutieusement la partie en cause.
3eme test : Ce pourrait être un phénomène de flare sur la lentille frontale, amplifié par l'iris ne laissant passer que peu de lumière, obligeant l'appareil à fortement augmenter le temps de pause.
La solution pourrait être un pare-soleil.
J'ai confectionné un pare-soleil en carton noir mat, d'une bonne longueur. J'ai calculé que je pouvais aller jusqu'à 80cm ... ici 40cm, ce qui lui donne un air de lunette astronomique !
Ici sans le pare-soleil :
Et avec le pare-soleil, le défaut subsiste légèrement, uniquement à f50, et l'image est nettement plus propre à toutes les valeurs :
En fait, ce test montre que le voile blanc était présent à toutes les valeurs du diaphragme, avec une accentuation importante à f50. Le pare soleil devient l'accessoire indispensable de cet objectif !
La différence est nette, avec le pare soleil, l'image est tellement plus propre !
Conclusion des tests
Ce pare-soleil améliore grandement la qualité de l'image, elle est plus contrastée et plus colorée.
Du coup, cet objectif devient interessant et utilisable, il faudra par contre faire suivre cet accessoire un peu encombrant ... et peu discret !!
Photographie de la lune
à f7,7 la meilleure valeur :
et le crop à 100%, comme pressenti précédemment, le piqué n'est pas si mal !
La société Steinheil avait été crée pour réaliser des optiques d'instrument astronomique ... 165 ans après, je lui rends hommage en quelque sorte, avec cette image de la lune !
En conclusion
Ce fut une bonne occasion pour faire revivre une antiquité photographique, d'essayer de comprendre les différents défauts optiques, de se plonger dans l'histoire de la photographie, et de mesurer le chemin parcouru en terme de qualité optique ... on ne s'en rend peut-être pas compte, mais les objectifs d'aujourd'hui sont d'une qualité extraordinaire comparée à ces ancêtres.
à f7,7 la meilleure valeur :
En conclusion
Ce fut une bonne occasion pour faire revivre une antiquité photographique, d'essayer de comprendre les différents défauts optiques, de se plonger dans l'histoire de la photographie, et de mesurer le chemin parcouru en terme de qualité optique ... on ne s'en rend peut-être pas compte, mais les objectifs d'aujourd'hui sont d'une qualité extraordinaire comparée à ces ancêtres.
Article mis à jour le 18/12/2021
Bonsoir,
RépondreSupprimerJ‘ai un Steinheil Triplar Anastigmat f3,8 grande format avec Waterhouse diaphragme. Malheureusement la couleur noire est presque completement abimé. Comment peut on restaurer la couleur et l‘ objective en generale?
Cordialement,
Stefan
Bonsoir
SupprimerTrès heureux d'apprendre que cet objectif existe en d'autres exemplaires que le mien, parce que je ne l'ai trouvé nulle part sur le web. Et donc le votre est avec un diaphragme waterhouse, c'est original, peut être un objectif plus ancien ... quel est son numéro de série ?
Pour la restauration de l'objectif, je ne suis pas un spécialiste, mais comme vous avez pu voir sur mon post, le mien est aussi abimé pour la peinture qui s'est écaillée, la gravure est difficile à lire.
L'objectif se démonte facilement, il faut peut-être auparavant dégripper les pas de vis, avec un petit pinceau et du wd40, appliquer le dégrippant et attendre quelques heures, les parties devraient alors se dévisser. Le démontage permet de pouvoir nettoyer l'intérieur, un peu d'alcool pour les lentilles avec un chiffon doux.
Si comme pour le mien, le diaphragme est grippé, de même un peu de wd40 permet de retrouver un fonctionnement très souple, par contre il faut nettoyer le dia avec beaucoup de précautions, les lamelles risquent de se défaire et elles sont très difficiles à remettre en place.
Pour la peinture, c'est plus difficile, l'idéal serait de pouvoir anodiser le corps, autant le laisser dans l'état, ce serait dénaturer son aspect ancien.
Cordialement, Jack